Il y a trois religions, celle de la Force, celle de la Sagesse et celle de la Liberté.
La religion de l’intelligence est la religion du juste-milieu, et comme tout intermédiaire, elle n’a qu’une valeur de transition, et se résout en dualisme ; elle n’est en effet que l’antinomie perpétuelle du Moi et du Non-moi, et l’éternelle tentative d’union entre le monde fini et infini.
Soixante siècles sont venus lentement défiler devant le Dieu de la Force, tous les peuples sont venus à travers les âges se prosterner devant la sombre Majesté.
Le Dieu de l’autorité, c’est le Sanzaï, c’est le terrible Siwas et le pesant Djaggernaut, c’est Zeus et Jupiter, c’est le Manitou, c’est le sanglant Teutatés, c’est le grand fétiche du désert de Kohi, et du noir habitant de la Guinée.
Ce Dieu, ils l’ont aussi nommé Jéhovah, et du Christ au cœur brûlant d’amour, les impies ont fait le ministre des colères et des vengeances. Sur le Golgotha est dressée une croix immense, qui s’élève au-dessus des flots roulants et bruyants des générations humaines ; et de la croix du Saint et du Juste ils ont fait une potence, et à ses deux bras ils ont attaché les fils de la Liberté, c’est là qu’ils meurent condamnés au nom de Dieu, et de l’Homme des douleurs et des compassions infinies.
La nuit couvre les champs du passé, mais si tu regardes dans l’obscurité, tu verras la flamme rouge des bûchers, et sur ces bûchers, ils ont brûlé Vanini, ils ont brûlé le noble Arnold et Savonarola, les hérauts de la liberté, ils ont brûlé Jean Huss et Giordano Bruno, ils ont brûlé la