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GÉOGRAPHIE.

de la Biscaye aux dunes, aux sables, aux pinadas du Marénsin.

De la Rhune au pic d’Orhy, les hameaux, les villages, les torrents, les pas, les forêts d’où les Nive découlent, portent des noms retentissants qui ne ressemblent ni aux noms sonores de l’espagnol, ni à ceux du français ou du béarnais. On est dans le pays Basque, dont la langue aime les longs mots composés, comme Chouldocogagna, Orbaïceta, Estérençuby, Arimaluchénea, Bastangoerrech, Errémondébéhère, Armendarits, Immelestéguy, Larratécohéguya, Leiçar-Atheca, Altabiscar, qui domine le val espagnol de Roncevaux, où Roland souffla vainement dans son cor. Un mot encore plus disproportionné, c’est celui de Azpilcuetagaraycosaroyarenbérécolarrea (?) : ce qui veut dire bas champs du haut coteau d’Azpilcuéta. À partir d’Hendaye, le pic d’Orhy (2 016 mètres) est le premier sommet qui atteigne 2 000 mètres.

Jusqu’au pic d’Anie l’on est en pays Basque, et l’Anie lui-même a des gorges où l’on parle toujours la langue des Escualdunacs, devant laquelle notre français n’est qu’un patois né d’hier. Le pic d’Anie s’appelle en basque Ahunemendi, le mont du Chevreau : sa pyramide élégante, appuyée sur des contreforts pastoraux ou boisés, monte à 2 504 mètres.

Le Pic du Midi d’Ossau ou pic du Midi de Pau, tronc de granit, s’élance en deux pointes, à 2 885 mètres. Il faut courir le monde pour trouver une pyramide plus noble, plus brillante, plus aérienne que ce pic vu de la Place Royale de Pau.


Dès qu’on entre dans les Hautes-Pyrénées, on se heurte à des pics de 3 000 mètres, et d’abord à la seule montagne tout à fait dangereuse des Pyrénées, au « Cervin du Midi », au Balaïtous où Marmuré (3 175 ou 3 146 mètres) : de cette aiguille environnée d’abîmes descend, long de 3 kilomètres, le glacier des Neiges, premier hiver éternel en partant de l’Atlantique. On rencontre ensuite le Vignemale