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GÉOGRAPHIE.

d’un des châteaux les plus grands de l’Europe. Elle reçoit le Loing, passe à Melun et boit l’Essonne à Corbeil.

Au confluent de la Marne, elle entre à Paris.


PARIS a deux millions d’habitants ; presque le dix-huitième des hommes de la France ; il en’a bien près de deux millions et demi, plus du quinzième de la nation, quand on lui ajoute les villes de ceinture, qui, quoique situées en dehors : des murailles, font réellement partie de la capitale et en continuent les rues, les boulevards et les promenades : Neuilly, Levallois-Perret, Clichy, Saint-Ouen ; Saint-Denis, Aubervilliers, Pantin, Montreuil, Vincennes, Ivry, Gentilly, Meudon avec Saint-Cloud et Sévres, Boulogne, Puteaux, Courbevoie, pour ne citer que les villes au-dessus de 10 000 âmes. Et ces cités de première ceinture envoient des tentacules vers d’autres cités ; des rues de jardins, des hameaux de villas, de grandes avenues de châteaux, des pièces d’eau, des parcs, continuent encore Paris au delà d’une campagne frivole qui peut donner de l’ombre et des fleurs et des fruits, mais qui n’a point l’intimité, la vertu, le calme et la tranquillité des champs. C’est ainsi que Versailles, par exemple, tient réellement à la métropole.

Les Parisiens habitent plus de deux mille rues, de grandes places et des boulevards bordés de maisons banalement monumentales. Ces boulevards, ces rues, ces places s’enchevêtrent ou plutôt — car la grande ville est de plus en plus régulière — se distribuent sur les rives de la Seine, dans la plaine du fleuve et dans des vallées, aujourd’hui méconnaissables, dont les ruisseaux ont disparu ; mais sous le luxe et l’apparat de la ville pompeuse, sous les trottoirs, les pavés de bois, les carrés de grès, le bitume ou le macadam, court dans l’ombre, avec des regards sur le jour et de grandes portes sur la rivière, un admirable réseau de canaux immonditiels.

Non seulement les ruisseaux et les marais ont disparu, mais aussi beaucoup de coteaux n’existent plus depuis