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GÉOGRAPHIE.

Il baigne d’abord le pied de collines chargées de villas qui continuent la vivante splendeur de Paris jusqu’à la splendeur morte de Versailles, à ces avenues solennelles, à ce vaste château, à ces jardins immenses pleins de vases de marbre, de statues, de bassins. L’Eure, amenée par un aqueduc, devait donner la vie à ce plateau, à ce château, à cette ville, et verser l’onde aux bassins par la bouche de leurs déesses, de leurs dieux et de leurs nymphes de pierre. Mais la rivière Eure n’a point coulé jusqu’à Versailles, l’aqueduc de Maintenon n’est plus que ruines, et il n’y a plus de gloire et d’éclat dans la cité du monarque ayant pour devise : Nec pluribus impar[1]. Pourtant, à deux siècles à peine en arrière, la cour de Versailles fut la société la plus dorée, la plus élégante, la plus spirituelle sous le soleil ; l’Europe en fit son idéal, et la France fut alors le premier des peuples, comme son roi le premier des rois.

Si Versailles est un faubourg de Paris bâti sur un plateau de la rive gauche de la Seine, Saint-Denis est un peu plus bas un faubourg de plaine sur la rive droite. Un autre faubourg, c’est Saint-Germain en Laye, sur un talus au bord d’une forêt de 4 400 hectares. Le fleuve, accru de l’Oise, arrose ensuite Poissy, dont le pont, fait sous saint Louis, avait 37 arches et n’en a plus que 24 ; Mantes, surnommée la Jolie ; Vernon ; les Andelys, que des ruines superbes contemplent, celles des trois enceintes du Château-Gaillard, l’œuvre de Richard Cœur de Lion, prince français dont la gloire est anglaise ; Poses, où déjà la marée soulève presque imperceptiblement les eaux ; Elbeuf, riche de ses draps ; Rouen, l’ancienne capitale de la Normandie.

Rouen, chez nous, est la ville cotonnière par excellence. Sur un grand fleuve à marée, au pied de collines altières, ses monuments, ses églises, sont dignes d’une métropole. Puisque le maître lieu de la France n’en de-

  1. Sans égal.