de Quélern ont tant de canons qu’on l’a nommée le « Gibraltar de la France ».
La baie de Douarnenez à 10 kilomètres d’entrée, et 4 seulement de réelle ouverture à cause des récifs qui continuent au sud le cap de la Chèvre. Si ce promontoire, au lieu de projeter ainsi une traînée d’écueils, s’avançait vers la pointe du Raz par une véritable levée ou par un dos de collines, la rade de Douarnenez, avec ses 25 à 80 brasses de profondeur, vaudrait bien la rade de Brest. Bordée par douze cents petits hameaux de pécheurs, dominée, non sans majesté, par les trois cimes du Méné-Hom, elle tient son nom d’une ville qui emploie près de mille barques à la pêche de la sardine.
Des eaux de Douarnenez on passe aux eaux d’Audierne par le raz de Seins, entre l’île de Seins et les promontoires de la Cornouaille, au pied de ce cap Sizun ou pointe du Raz que la mer secoue, que même, en ses heures de rage, elle escalade en écume jusqu’au sommet, à 72 mètres de hauteur. Là, quand il passe en barque, le Breton s’écrie :
Va, Doué, va sicouret da tremen ar Raz :
Rac valestr a zo bihan ac ar mor a zo braz !
« Mon Dieu, secourez-moi dans le passage du Raz :
Ma barque est si petite et la mer est si grande ! »
À cette pointe de la Gaule (si le mot Cornouaille vient bien des mots latins Cornu Galliæ)[1], s’élevait, d’après de vieilles légendes bretonnes, la grande et brillante ville d’Is, qui fut criminelle comme Sodome et que le Ciel détruisit comme elle : Is si belle, dit la tradition, que Paris a pris son nom des deux mots Par Is, égal à Is ; son peuple impie et lascif est aujourd’hui couché, raconte
- ↑ C’est bien plutôt le mot celte Kerné, qui désigne également la Cornouaille anglaise, presqu’île effilée dont le breton a disparu au siècle dernier.