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GÉOGRAPHIE.

ses vignobles, ses champs engraissés d’herbes marines, ses marais salants, ses parcs à huîtres, la pêche et le cabotage y donnent le pain de chaque jour à 16 000 hommes sur moins de 7 400 hectares. La Côte Sauvage, vis-à-vis de la grande mer, y lève une digue à des flots tonnants ; ses falaises ne s’ouvrent nulle part en criques, et sur ce rivage il n’est pas un petit coin pour abriter un navire. Mais le littoral tourné vers le continent de France lutte contre une vague de plus de mansuétude ; il a des ports pleins de caboteurs.

Par-dessus un étroit et mauvais bras de mer, Ré voit la Rochelle, qui fut le premier port de France, quand la « ville de Guiton » était une place forte des calvinistes ; et lorsque Richelieu eut barré sa rade, condamnée dès lors à l’envasement, elle prospéra pendant cent cinquante ans encore, jusqu’à la perte de ce Canada auquel les Saintongeais envoyèrent pendant le dernier siècle de notre domination plus de colons que la Normandie, la Bretagne et le Poitou, les trois provinces qui avaient fondé la Nouvelle-France chez le peuple des Algonquins. À 45 kilomètres au sud de la Rochelle, l’île d’Aix (129 hectares ; 500 habitants) commande l’embouchure de la Charente et l’une de nos rades militaires. Il y a moins de cinq cents ans on allait, à mer basse, de la côte ferme à cette île, mais l’Atlantique a démoli l’isthme de 6 kilomètres qui reliait Aix à la terre, comme elle a pièce à pièce emporté, qui sait où ? le sol où s’élevaient près de là deux villes, Montmélian et Châtelaillon : celle-ci, mise à néant plus tard que l’autre, a laissé son nom à la pointe de Châtelaillon, qui s’allonge au nord-est de l’île d’Aix ; vers la fin du règne de Louis XIV, sept de ses tours étaient encore debout.


2o La Charente, la Touvre. — La Charente se nomme Chérente parmi les paysans de l’Angoumois, de l’Aunis et de la Saintonge. Elle ne draine qu’un million d’hectares, mais son bassin, pour la majeure partie cal-