Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
GÉOGRAPHIE.

gorges de Saint-Béat, resserrées par des montagnes de marbre, boit la Pique, venue de Luchon, touche le rocher de l’antique Saint-Bertrand-de-Comminges, et devient rivière au pied de la colline de Montrejeau, à 400 mètres d’altitude, par l’accession de la Neste, qui lui porte autant d’eau, sinon plus, qu’elle n’en roule elle-même.

Ici la Garonne change de route. Sa direction première, vers le nord-ouest, l’amènerait à Bordeaux par l’Armagnac et par les Landes, par Mirande, Fauze, Bazas et Langon ; elle tourne à l’est pour revenir au nord-ouest par le nord-est et le nord, et arriver ainsi devant cette même ville de Langon après avoir tracé, de Montrejeau à Port-Sainte-Marie, un harmonieux demi-cercle allongeant son cours d’une centaine de kilomètres. C’est l’immense entassement de cailloux déposés par les anciens glaciers au pied des Pyrénées, c’est le plateau de Lannemezan qui l’oblige à ce grand détour.

Au-dessous de la Neste, la Garonne court dans une plaine où jadis elle dormit longtemps quand il y avait là, des gorges de Tibiran-Jaunac[1] à celles de Saint-Martory, un des lacs qui modéraient le fleuve et lui gardaient sa grandeur en été, sa transparence en fout temps. Elle passe en vue de Saint-Gaudens, et remplit le grand canal d’irrigation de Saint-Martory, puis conquiert en passant le turbulent Salat. Et bientôt elle quitte sa haute vallée, Éden de grâce et de fraîcheur, pour les immenses plaines du Toulousain.

La plaine de Toulouse, qui s’étend sur la Garonne et sur la basse Ariège, se compose de profondes alluvions dont les 10 mètres cubes par seconde[2] du canal de Saint Martory, calculé pour abreuver 14 000 hectares, feront un des territoires opulents de la France ; mais grande

  1. Entre Saint-Bertrand-de-Comminges et Montrejeau.
  2. On espère prendre plus tard 15 mètres et augmenter d’autant les irrigations.