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FRANCE.

d’acier. Par ses canaux d’arrosement sans nombre, la richesse, la grandeur de ses villages, le spectacle des montagnes voisines, courtines bleues ou draperies de neige, la plaine de Tarbes est le Piémont du Sud-Ouest. Elle prolonge au loin ses prairies et ses gigantesques maïs vers le nord, sur l’un et l’autre bord de l’Adour, par Vic-de-Bigorre, Maubourguet, Castelnau-Rivière-Basse et Riscle. Cette campagne si large, si féconde, n’est pas seulement l’œuvre de l’Adour ; c’est le Grand Gave qui l’a surtout créée quand il s’épanchait en glaciers vers Tarbes, en aval de Lourdes, par le val de Bénac, puis par celui d’Ossun : route reconnaissable encore et qu’il sera facile de lui faire reprendre quand on voudra doubler ou tripler les irrigations du pays tarbésan.

Au-dessous d’Aire, l’Adour effleure de sa rive droite les Sables et les pinadas des Landes qui l’accompagnent jusqu’à la mer. Il passe au pied de Saint-Sever, jadis appelée Cap de Gascogne, et, de fait, sa colline s’avance en promontoire sur une plaine immense que les pins se disputent jusqu’à l’horizon le plus reculé du nord. L’Adour baigne ensuite Dax, célèbre par sa fontaine à 60 degrés. Lorsqu’il arrive devant le Gave, après avoir tracé un grand demi-cercle, il a reçu l’Arros, le Gabas, la Midouze et le Luy.

L’Arros (105 kilomètres), comme l’Adour, sort très vite des Pyrénées. Il naît entre la Neste et l’Adour naissant, dans des montagnes de 1 500 à 1 600 mètres, et coule vers le nord, parallèlement à l’Adour, dont il se rapproche peu à peu.

Le Gabas a plus de 100 kilomètres, mais il sort d’une « hauteur des terres », d’un plateau de graviers fortement raviné qui ressemble au pays de Lannemezan par son infécondité, par sa situation au nord d’un grand torrent pyrénéen (ici le Gave, là-bas La Neste) et par l’indigence de ses rivières. Le Gabas est un ruisseau, sec ou peu s’en faut en été, trouble quand l’eau des pluies délaie ses collines ; ni moins beau, ni moins laid que ses