Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
FRANCE.

Le Grand Gave ou Gave de Pau reçoit sur sa gauche un torrent d’un beau vert, fougueux et froid comme lui, le gave d’Oloron (132 kilomètres), qui, devant Oloron, ville admirablement campée, unit les eaux des fameuses vallées d’Aspe et d’Ossau. Le gave d’Aspe, donne par seconde huit mètres cubes à l’étiage ; il lave l’immense rocher du fort d’Urdos, auquel on monte par 506 marches, il traverse le bassin de Bedous, il passe près des bains de Saint-Christau. Le gave d’Ossau, deux fois plus faible à l’étiage, passe aux Eaux-Chaudes, et reçoit le torrent des Eaux-Bonnes : ce sont là deux villes thermales. Le gave d’Oloron, dans une plaine fertile, coule devant Navarrenx, petite place forte, devant la charmante Sauveterre, et boit le Saison (70 kilomètres), jolie rivière qui baigne Mauléon, d’où son autre nom de gave de Mauléon. Il roule 15 à 18 mètres cubes par seconde à l’étiage. Avec les 20 mètres et plus du gave de Pau, on a près de 40 mètres cubes ; or l’Adour, épuisé par les irrigations, n’en apporte même pas 6 au Grand Gave.

Le Gave apporte l’eau, l’Adour garde le nom, cette injustice est commune.

Mais déjà le fleuve est soutenu par la marée ; il porte des bateaux à vapeur, il serait visité par de grands vaisseaux sans le péril de sa barre. Large de 200 mètres et au delà, il rencontre la Bidouze (80 kilomètres), venue de Saint-Palais, et la ravissante Nive (75 kilomètres), qui sort d’Espagne, se taille un beau couloir nommé Pas-de-Roland, passe à Cambo, ville de bains, et tombe dans l’Adour à Bayonne.

C’est à 6 kilomètres en aval de cette très gracieuse ville que l’Adour termine son destin. Pendant 200 ans, de la fin du xive à la fin du xvie siècle, il s’achevait plus loin : obstrué par des sables, il tournait droit au nord, coulait derrière la dune, silencieux tout près du bruyant Océan, par un lit que marquent des étangs, des prairies, des joncs, des roseaux, des ruisseaux, et allait se perdre dans la mer au Vieux-Boucau, à 30 kilomètres à vol