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GÉOGRAPHIE.

rée ou Clairée, pure comme le dit son nom. La Clarée naît de montagnes de 3 000 mètres dont le versant opposé descend vers Bardonnèche et l’issue italienne du tunnel des Alpes. Elle s’empare, sans en être visiblement agrandie, du ruisseau du mont Gondran et arrive à Briançon, place de guerre à la grande altitude de 1321 mètres. Là, elle reçoit la Guisane, plus longue qu’elle, et probablement supérieure.

Au-dessous de Briançon, de nombreux torrents arrivent à la sauvage Durance, qui longtemps détruit plus qu’elle ne féconde.

S’il lui arrive souvent, profonde et paisible, d’être serrée par des roches au point de n’avoir pas dix mètres entre bords, il est des épanouissements de vallée où elle roule dans des grèves de 2 kilomètres de large, sur la pierre et sous la pierre, nouant et renouant ses torrents rapides autour des iscles[1] ; et ce lit, où couleraient sans peine, à débit normal, toutes les rivières de France réunies, n’est même pis assez ample pour contenir toujours ses fureurs. Il n’y a que de petites villes sar ses bords : Mont-Dauphin, place forte, Embrun, Sisteron, Manosque, cette dernière a une certaine distance de sa rive droite. Les torrents qui accourent à la Durance moyenne ou à la Durance inférieure, tantôt à demi taris, tantôt à flots forcenés comme un galop de cheval de course, sont :

La Gyronde (32 kilomètres), fille du Pelvoux, vice-roi de nos montagnes depuis que le Mont-Blanc en est le roi ;

Le Guit (60 kilomètres), venu du Viso par les combes sinistres du Queyras ;

L’Ubaye (80 kilomètres), d’un étiage de 7 mètres cubes par seconde : elle côtoie la montagne où est accroché le fort de Tournoux avec ses ouvrages taillés en plein roc

  1. Îles et îlots, les uns nus, les autres avec des arbres, notamment des saules.