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Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/405

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GÉOGRAPHIE.

Mais ces Gaulois que nous vénérons étaient-ils vraiment de race Aryane, et ne s’étaient-ils pas mêlés sur notre sol à des peuplades moins belles, plus petites, plus ramassées, plus brunes, que la science suppose, que l’histoire ignore ? Et avant de s’unir à ces tribus obscures, n’avaient-ils pas altéré déjà leur sang dans les migrations, pendant leur long voyage à travers l’Asie, à travers l’Europe, dans ces steppes sarmates où passèrent tant de Barbares, le long de ce Danube qui est un grand chemin des nations ? Eussent-ils été purs en arrivant en Gaule, s’ils admirent alors les filles des indigènes à l’honneur de leur alliance (or les conquérants exterminent moins qu’ils n’épousent), il peut se faire que nous soyons surtout les héritiers de pauvres sauvages qui tremblèrent devant l’arrogance des Aryas.

« Voilà, dit maint orgueilleux qui n’est pas plus Arya que nous, voilà bien là le secret de toutes vos misères ! Les infirmités de votre peuple viennent de la bassesse de son origine. » Laissons ces vains docteurs enfler bruyamment la voix : nul de nous ne sait de quelle source de vie il est le meilleur de couler.

Les premiers rayons de l’histoire, quand ils tombent sur notre terre gauloise, n’y montrent point une race unique : du Rhin aux Pyrénées, des fiords armoricains aux anses de Ligurie, la Gaule portait au moins trois grands peuples : des Kymris, hauts et blonds, dans le nord-est ; des Celtes, bas et trapus, à l’ouest et au centre ; des Ibères au sud. Rien ne nous dit que ces trois peuples fussent, chacun chez eux, d’un bloc homogène ; au contraire, on peut croire que plus d’une tribu d’hétérogènes les bravait encore dans les vallons reculés, dans les marécages, dans les monts, éternel asile des proscrits. Que les Celtes et les Kymris eussent ou non le même sang dans les veines — en tout cas, ils parlaient des dialectes de la même langue — ; que les Ibères fussent ou non les Basques, et peut-être les Berbères d’aujourd’hui, ces trois familles, telles qu’elles se composaient alors, forment certainement la trame de