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FRANCE.

Saint-Flour, là où cette rivière, la plus grande en Margeride, passe de la Lozère au Cantal et commence à se courber pour aller à la rencontre de l’Olt ou Lot, son seigneur et maître.

Le Mont de Randon, sommet culminant, a peu d’apparence : comme les autres cimes de la Margeride, il a moins l’air d’une montagne que d’une très haute colline, le socle sur lequel il repose faisant les trois quarts de sa taille. Avec ses 1 554 mètres, il ne l’emporte que de 41 mètres sur Le Truc de Fortunio, son voisin, et nombre de mamelons du plateau margeridien lui sont inférieurs de 100 à 150 mètres seulement. Il s’élève au nord de Mende, entre Saint-Amans-de-Lozère et Châteauneuf-Randon, ville dominant la triste vallée qui vit la mort de du Guesclin.


6o Monts d’Aubrac. — Pour aller de la Margeride aux monts d’Aubrac, il faut marcher sur de mornes plateaux terminés au sud par les granits du Palais-du-Roi, qu’on dirait ainsi nommé par ironie, car il ne porte que des étables et des cabanes fouettées pendant six mois de l’année par des vents mouillés de neige. Puis on franchit la sauvage Truyère ou la Colagne, affluent du Lot, Les monts d’Aubrac s’appellent ainsi d’un grand hôpital dont il ne reste que des ruines : bâtie vers l’an 1120, au pied d’un des mamelons suprêmes du massif, la maison hospitalière d’Aubrac attira longtemps par milliers les malades, les lépreux, les pélerins, les pauvres, et son nom devint celui de toute la montagne.

Le prince de ces monts volcaniques portés par des granits et des gneiss, le Pic de Mailhebiau (1 471 mètres), se dresse dans la Lozère, tout près de l’Aveyron, en vue de la forêt de hêtres d’Aubrac, au-dessus de la source du Bès, affluent de la Truyère. Quatre lacs sont blottis au nord dans des vallons tourbeux dont les premiers plissements partent de ce nœud du massif ; disons plutôt quatre laquets ou laguets, pour hasarder un diminutif mille fois néces-