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GÉOGRAPHIE.

Leur origine se cache dans les nues les plus reculées du passé. Qui ne sait rien peut tout supposer : aussi leur donne-t-on les ancêtres les plus divers et leur fait-on parcourir deux routes contraires entre leur première patrie et leur dernier asile. Les uns les font venir d’Asie par la « Porte des peuples », entre Oural et Caspienne, par les grandes plaines du Nord et par le Danube ; les autres les amènent en Espagne par la montagne de l’Afrique du Nord et le détroit de Gibraltar, par la voie qui fut, bien des siècles plus tard, le chemin des conquérants mahométans. On les a rattachés aux Sémites, dont les langues n’ont avec la leur aucune parenté ; aux Berbères, la vieille race campée dans cet Atlas que si peu de mer éloigne des sierras ibériennes ; aux Finnois, auxquels ils ne ressemblent point.

Pour nous en tenir aux Basques français, les Romains avaient, semble-t-il, latinisé le pays d’entre Garonne et Pyrénées, et il n’y avait plus que peu ou pas d’Escualdunacs sur notre versant de la chaîne, lorsque, vers la fin du sixième siècle, les Euskes espagnols franchirent la montagne par les cols des Pyrénées occidentales ; ils s’établirent en corps de nation dans les vallées où nous les trouvons encore, en Labourd, en Navarre, en Soule : ils y sont 115 000 à 120 000 seulement, eux qui remplirent tout le Sud-Ouest et donnèrent leur nom à la Gascogne, et sans aucun doute à l’Aquitaine[1].

Hommes et femmes, ils sont d’une grande beauté de visage, d’une superbe noblesse de proportions. Il n’y a pas d’Européens plus souples ; tous les Basques sont des Achilles aux pieds légers. Ils mènent une vie simple dans la montagne, peuple heureux s’il en est au monde, et pourtant l’émigration vers la Plata dépeuple leurs aimables villages. Il est permis de les plaindre, car ils ne retrouvent point dans les vagues steppes de Buenos-Ayres, dans la Pampa cordovienne, ou même sur les bords du

  1. Par le radical Auk, Eusk.