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FRANCE.

4 245, le Calvados de 3 792, les Basses-Alpes de 3 166, le Lot-et-Garonne de 2 369. Et si telles de ces contrées ont diminué par excès d’émigration, comme Vaucluse et les Basses-Alpes, presque toutes doivent leur déclin à la rareté des naissances. Tout au contraire, la plupart des départements en voie d’augmentation tirent leur surplus de la présence de villes industrielles ou commerçantes : la Seine, par exemple, a gagné 191 000 âmes, le Nord 72 000 ; la Loire 40 000, Meurthe-et-Moselle plus de 39 000, presque tous Alsaciens-Lorrains, le Rhône 35 000, le Pas-de-Calais 32 000, la Gironde 30 000, la Marne 22 000, Saône-et-Loire 16 000, etc., etc. Parmi les départements de peu d’industrie dont l’augmentation vient surtout de la fécondité des familles, l’honneur est au Finistère, qui a gagné 23 000 âmes ; puis viennent le Morbihan, augmenté de 16 000 ; l’Allier, grandi de 15 000.


3o Émigration. — L’émigration ne porte qu’une faible atteinte à la croissance intérieure de notre patrie, et par cela même elle grandit très peu la France du dehors. Avant 1870, cinq à dix mille Français nous quittaient tous les ans ; depuis, un nombre double ou triple d’émigrants abandonne chaque année le sol natal, presque tous avec regret. Est-il beaucoup de pays valant la France parmi ceux que les Français vont habiter ? Ce n’est point la terre des Yankees, trop froide ou trop chaude suivant la saison ; il y faut, coûte que coûte, baragouiner une langue étrangère, et l’on s’y trouve longtemps perdu dans une foule indifférente, hostile même, Scandinaves, Anglais hautains, Américains méprisants, Allemands devenus par la grâce de leurs docteurs les ennemis jurés de la France et des Français.

Ce n’est pas la Louisiane, où l’on parle encore un peu français, mais où l’on meurt beaucoup de la fièvre jaune.

Ce n’est pas l’Argentine, malgré la langue espagnole,