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FRANCE.

tants dérisoire : 3 295 n’ont pas 2 000 âmes, 653 sont inférieures à 400 habitants, plus de 50 n’ont même pas 50 citoyens, 26 n’en ont pas 40, 10 n’en ont pas 30, une est au-dessous de 20 : en tout, 3 000 à 4 000 qui méritent bien le nom, probablement sarcastique, porté par l’une d’entre elles, le Petit-Paris (75 habitants), dans les montagnes de la Drôme[1].


2o Noms des départements. — Nos départements ont été tracés sans soin, nommés sans intelligence ; on y a réuni des pays différant de mœurs et d’histoire, des climats divers, des bassins divergents, des sols disparates, des cantons « étonnés de se trouver ensemble », et, à ces départements ainsi faits au hasard, on a donné trop souvent des limites conventionnelles. Au lieu de s’arrêter à des obstacles naturels, montagnes, faîtes, rivières ou tout au moins ruisseaux, on les voit qui finissent à l’aventure, en plein champ, coupant droit les crêtes au lieu de fléchir avec elles, traversant les eaux dont elles pourraient accompagner l’onduleux voyage. Même certains départements renferment des enclaves : cinq communes des Hautes-Pyrénées sont emprisonnées, en deux blocs, dans les Basses-Pyrénées, et le canton de Valréas, qui dépend de Vaucluse, est encastré dans la Drôme. Il n’y a rien de naturel, rien de vivant, rien de « fatal » dans la plupart de ces frontières : elles sont d’ordre administratif et paperassier ; à celles des arrondissements, des cantons, des communes, on peut faire les mêmes reproches.

Leurs noms aussi laissent à désirer. Quand on désigna les départements, voici bientôt quatre-vingt-dix années, on ne connaissait ni la Terre, ni les climats, ni les hommes ; on n’avait aucune idée de la vertu des neiges éternelles, de la puissance des monts et surtout des plateaux ; on ignorait que ces cimes, que ces plans, partagent les

  1. Canton de la Motte-Chalançon, arrondissement de Die.