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GÉOGRAPHIE.

51° 6′ 20″. Des barques animent leurs anses pendant la saison du corail.

Comme à l’ouest le port des Olives, le Goufi domine à l’est le port de Collo. Avant la fondation de Philippeville par les Français, c’est-à-dire pendant une longue suite de siècles, Collo, bassin petit, mais sûr, au fond d’une anse profonde, servit d’entrepôt à la grande ville de l’Est, lorsqu’elle s’appelait encore Girta et après qu’elle eut pris le nom de Constantine. Collops MagnusChullu des Romains, Collo resta jusqu’à ces dernières années une bourgade entièrement indigène comme Mila, Mazouna, Nédroma, Frenda, toutes villes que l’élément nouveau commence d’envahir. Tout près de là tombe en mer le Guebli, torrent pittoresque.

L’anse de Collo fait partie d’une vaste baie comprise entre les Sept-Caps à l’ouest et le cap de Fer à l’est, baie très évasée dont la nappe orientale s’appelle golfe de Stora ou golfe de Philippeville. Stora est l’ancien port de ce Golfe Numide des anciens, et Philippeville le nouveau. Ni l’un ni l’autre ne valent Collo ; mais plus près de Constantine, et par un chemin plus facile, ils attirent le commerce de la cité du Roumel. Stora, port naturel, ne défend les vaisseaux que contre l’occident, grâce à l’abri d’une montagne ardue ; cependant, tout méchant qu’il est, les navires y fuyaient quand ils étaient surpris par le mauvais temps. Philippeville, port artificiel, d’entrée périlleuse, doit son existence aux Français. Les Romains l’avaient habitée, c’était leur Rusicade, dont il reste des ruines ; et avant d’être une colonie de Rome, elle avait servi de comptoir aux Phéniciens, comme le prouve son nom commençant par Rus, syllabe qu’on retrouve ailleurs sur ce littoral, par exemple à Dellis, qui s’appela Rusuccurru. Le phénicien Rus signifiait fête, cap, exactement comme l’arabe Ras : arabe, hébreu, syriaque, araméen, phénicien, tout cela, c’est au fond la même langue. Quand la France traça les rues de la ville moderne, sur un terrain qui lui