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GÉOGRAPHIE.

avait coûté 150 francs, la cité romaine était morte depuis des siècles, et nul bourg arabe ou berbère ne l’avait remplacée. Dans sa banlieue se termine le petit fleuve Saf-Saf (90 kilomètres), dont la vallée est la route la plus facile entre Constantine et la Méditerranée. Le barrage de Kalaat-el-Hadj, au-dessus d’El-Arrouch, lui réservera 22 millions de mètres cubes d’eau.

Entre Philippeville et Bône, on rencontre le Filfila, le Sanedja et le cap de Fer : le Filfila est un mont percé de carrières d’un beau marbre blanc veiné, le Sanedja est un oued, le cap de Fer un promontoire qui s’avance presque autant que les Sept-Caps vers le septentrion.

Le Sanedja s’appelle également Oued-el-Kébir. Sanedja, c’est la corruption d’un nom glorieux, Zanaga, qui désigne l’une des plus grandes nations de la race berbère, un peuple, une tribu si l’on veut, qui a conquis, dominé, fondé des royaumes que dans notre ignorance nous prenions pour des empires arabes, car nous étions habitués à reporter sur les Agaréens toute la gloire qui revient aux Zanaga, aux Kétama, aux Zénata, vieilles familles numides. Long de près de 100 kilomètres, il a deux branches mères : l’une arrose la vallée de Jemmapes, ville entourée de forêts où le lion rôde encore, l’autre absorbe l’oued qui passe dans les ravins de Roknia, dominés par le Débar (1 030 mètres) : là sont des grottes par centaines, naturelles ou de main d’homme, et des milliers de tombeaux informes ; ceux qui habitèrent ces cavernes, ceux qui tombèrent en poussière dans le silence de ces sépultures, appartenaient sans doute à la race appelée libyenne par les Grecs et les Romains.

Le cap de Fer est un éperon de l’Edough (1 004 mètres}, beau Schel boisé qui, plongeant au nord sur la plaine de la mer, tombe au midi sur les bas-fonds qui vont du golfe de Philippeville au golfe de Bône, sur les plaines où fermente le lac Fetzara (12 700 hectares) ; situé, comme l’Halloula, au versant méridio-