des Estables, à 1 239 mètres d’altitude ; dans sa rondeur presque parfaite, il a 50 hectares, avec 8 ou 10 mètres seulement de profondeur : la Gagne en sort, affluent de la Loire en amont du Puy.
Toujours à ce même Mézenc se nouent au nord les Boutières, qui vont vers le nord-est, sur la frontière commune à la Haute-Loire et à l’Ardèche. Granits et gneiss, elles s’enflent en chaînons tordus, abrupts entre des gorges dont les torrents font l’Érieux, le Doux, l’Ay, la Cance ; leur principale cime, le Grand Felletin, au sud-ouest d’Annonay, offre un repos à l’aigle à 1 390 mètres au-dessus des mers.
Les Boutières se terminent par le Mont Pilat, dont le plus haut sommet est le Crêt de la Perdrix (1 434 mètres). Deux fois plus près du Rhône que de la Loire, le Pilat touche au fleuve lyonnais par le pied de quelques avant-monts. En bas forêt, pâturage en haut, sources cristallines et bonds de torrents, ce belvédère de granit, de gneiss, de quartz, de micaschiste, regarde à la fois le Cantal et le Mont-Blanc. Les Cévennes y finissent en même temps que les Boutières. Malgré l’humilité de sa taille, il n’a point de rival au nord sur le toit des eaux qui continue l’arête cévenole d’entre les deux mers ; et jusqu’aux Vosges il n’a pas d’égal. Plus haut dans le ciel que tous ses voisins, c’est un vrai « pilier des tempêtes » ; il appelle et concentre les flocons de l’air ; quand la brume cache son front, c’est qu’il va pleuvoir : « Pilat prend son chapeau, prends ton manteau, » dit le peuple des vallées où il est le roi de l’horizon. Ainsi, dans l’autre France, « Quand le Tessala met son bonnet de nuit, Sidi-bel-Abbès est dans la joie. »
Ses bois, sa calme pelouse, envoient leur eau claire à des villes turbulentes qui les corrompent de leur ordure et de leurs industries, à d’énormes assemblées d’usines qui crachent des fumées noires : au nord-ouest, c’est la cité de la houille, du fer et des rubans, Saint-Étienne, et les grands bourgs d’industrie qui la continuent jusqu’à la