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GÉOGRAPHIE.

renferment assez de colons, elles se résolvent en communes françaises.

Les Berbères doivent probablement ce nom aux Romains qui les appelèrent Barbares, mot qui signifiait alors étrangers, hétéroglottes ; nous les nommons souvent Kabyles, d’un terme arabe qui veut dire les tribus. Ils habitent le Jurjura, les Babor, les Sept-Caps ou Sahel de Collo, les monts de Diidjelli et de Philippeville, l’Aurès ; on les trouve aussi dans le Zaccar, entre Chéliff, Métidja et Méditerranée ; dans le Zatima et le Dabra, entre le Chéliff et la mer ; dans l’Ouaransénis, au sud d’Orléansville ; dans les monts de Tlemcen ; dans le Trara : en un mot dans les chaînes difficiles de l’Atlas. — Il en est de même au Maroc, en Tunisie et en terre de Tripoli. — Dans les oasis du Sahara, purs, arabisés ou mêlés de sang noir, ils sont la majorité, quelquefois même presque toute la nation, comme chez les Béni-Mzab.

Rameau vigoureux du tronc de l’humanité, ces hommes durs, ces maîtres immémoriaux de l’Atlas, ces vieux Numides, compatriotes de Jugurtha, de Massinissa, de Syphax, l’histoire les a toujours vus fixés dans l’Afrique Mineure. Et encore aujourd’hui c’est la race la plus nombreuse de l’Atlantide et du Désert, non moins que la plus vivace. Sous divers noms, Djébélis ou montagnards, Chaouïas, Kabyles, Amazighs, Chillahs, Béni-Mzab, Touaregs, on les retrouve dans toute l’Afrique du Nord, de la Méditerranée au Niger, du Sénégal au Nil ; et s’il n’y en a plus dans les Canaries, archipel de l’Atlantique, c’est que les Espagnols les en ont extirpés, du moins en apparence : car les Canariens ont beaucoup de sang berbère dans les veines ; quand le conquérant français de ces Îles, Jean de Béthencourt, y aborda vers le commencement du xve siècle, les habitants des Canaries, les Gouanches, étaient des Berbères.

À l’aurore de l’histoire, les Carthaginois les battirent, les séduisirent ou les achetèrent ; diverses tribus du Tell oriental adoptèrent le punique, à tel point que plus tard