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COLONIES FRANÇAISES




CHAPITRE PREMIER


1o Perte de notre empire colonial. Erreurs et malheurs. — Il n’y a pas cent cinquante ans nous avions des colonies immenses.

Elles nous ont échappé, sauf des comptoirs, de petites îles et des pays malsains que les ennemis ont daigné nous laisser.

De l’Inde, il nous reste cinq villes ; de l’Amérique du Nord, deux îlots tourbeux ; et dans l’Amérique du Sud nous sommes les seigneurs de Cayenne !

C’est que la France n’a jamais essaimé comme l’Angleterre, sa rivale d’au delà le détroit, ou l’Espagne, sa rivale d’au delà le mont, ou le Portugal, qui se renouvelle cent fois dans le Brésil. Quand mille Français voguaient pour la Nouvelle-France, vingt mille Anglais au moins cinglaient vers la Nouvelle-Angleterre.

Puis, nous étions faibles sur mer à force de nous épuiser sur terre pour des querelles frivoles. C’est par millions que nos armées ont stérilement semé des cadavres sur l’Escaut, la Meuse, le Rhin, le Danube, le Pô, l’Èbre et les sierras d’Espagne. De cette pourriture rien de grand n’a germé pour nous.