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COLONIES FRANÇAISES.

éléphants ont des dents d’ivoire qu’on leur arrache avec la vie. L’or s’y trouve, et le fer et le bois, sans lesquels il n’y a pas d’industrie.

Cette contrée est une arène où luttent des Blancs et des Noirs. Les premiers sont des Arabes mélangés de Berbères, ou, si l’on veut, des Berbères mêlés d’Arabes ; les seconds forment plusieurs peuples.

Les tribus dites maures, les Trarzas, les Braknas, les Douaïchs, habitent le bord saharien du Sénégal. Par le prosélytisme et les razzias ils avançaient vers le sud quand la France les arrêta. De rares vieillards se souviennent encore du temps où les noirs Yoloffs s’étendaient aussi sur la rive droite du fleuve, en avant des Trarzas. Les Yoloffs sont sédentaires et leur case, qu’entoure un jardin, dépasse de tout un âge de l’humanité la tente arabe errant de pâture en pâture ; pourtant il leur a fallu céder aux Maures qui, plus hardis, sont, la lance à la main, les apôtres d’une religion supérieure aux grotesques imaginations des Noirs. Les Musulmans coupeurs de bourse ont vaincu les paysans ; et du Oualo, royaume nègre jadis prospère, ils ont fait un désert de 20 000 habitants.

Sur la rive gauche, les Noirs sont divisés en États ennemis, les races s’y superposant et ne s’y mêlant point, et les tribus païennes luttant contre les tribus récemment converties à la loi du Prophète.

Les Yotoffs habitent surtout l’immense plaine du Sénégal, au sud de Saint-Louis et de Podor. D’un noir de suie, braves et mous à la fois, ils usent d’une langue sonore, dans laquelle le mot yoloff signifie précisément noir.

Les Malinkés, partagés en Malinkés et en Soninkés, ont la peau moins noire que les Yoloffs, plus noire que les Foulahs. Ce sont les Juifs, les Grecs, les Arméniens de l’Afrique occidentale. À l’amour du commerce ils unissent le courage du Yoloff, les instincts pastoraux du Foulah, l’ardeur de prosélytisme de l’Arabe. Ils peuplent surtout des terres élevées d’où ils se répandent en marchands,