Page:Reclus - France, Algérie et colonies, 1886.djvu/737

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
734
GÉOGRAPHIE.

tes, elle a de plus que les vallons de Paul et Virginie sa haute montagne à climats et frimas ; elle a sa plaine des Cafres, plateau de 1 600 mètres d’altitude, et sa plaine de Salazie, autre ressaut frais et salubre où l’on projeta, vers 1857, d’exiler les condamnés politiques ; elle a le Cilaos, grand cirque où regardent le Grand-Bénard et le Piton des Neiges ; elle a des lacs qui furent des cratères.

Les savanes, les bois et forêts, les terres vagues, les friches, couvrent la plus grande partie de l’île ; 50 000 hectares sont à la canne à sucre, 20 000 au maïs, 10 000 à d’autres cultures. Le café de Bourbon passe pour le meilleur après le moka ; ses millions de pieds viennent d’un caféier dérobé dans l’Yémen en 1711. Parmi les grands arbres, les plus beaux sont le cocotier, le dattier, le latanier, le palmiste, le vacoa, trop souvent détruits par les ouragans, car si l’Algérie a les sauterelles, Bourbon a les cyclones. En 1806 un typhon déracina presque tous les arbres de l’île ; en 1829 une seule tempête brisa les caféiers et les girofliers de la plupart des plantations.

Sur la côte, cette île a des chaleurs de 56 degrés, des froids de + 12 degrés, et une moyenne de 24. La saison des pluies, l’hivernage, y dure environ six mois, la saison sèche autant : de mai à novembre. Le climat était resté sain jusqu’à ces dernières années ; mais, depuis l’arrivée en foule d’Indiens engagés pour remplacer les esclaves devenus libres, le choléra, la petite vérole, ont fait des apparitions fatales ; et les naissances ne balancent plus les trépas.

Sur les 184 000 insulaires de Bourbon, il n’y a guère que 25 000 à 30 000 Blancs ou créoles ; le reste est fait de Noirs jadis esclaves, de mulâtres, d’immigrants de toute provenance : Négroïdes importés de Madagascar ou de la côte ferme d’Afrique, Hindous, Malais et Chinois en petit nombre, Arabes de Zanzibar, etc.

Les créoles de Bourbon, connus par leur hospitalité, leurs façons libérales, ont pour aïeux des Français venus dans la seconde moitié du xviie siècle : gens de toutes