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GÉOGRAPHIE.

gueur, et très ennemi des r, méprise la savante architecture du discours, qui est l’une des meilleures gloires de l’homme. C’est moins une langue qu’un babillage.




Guadeloupe. — Christophe Colomb, qui découvrit cette île en 1493, lui donna le nom de la patronne de ce second voyage, Notre Dame de Guadalupe, vénérée dans plusieurs sanctuaires d’Espagne, notamment en Estrémadure.

Traversée par le 16e degré de latitude nord, elle se compose de deux îles : la Guadeloupe et la Grande-Terre, qui se touchent le long d’un passage marécageux nommé la Rivière Salée.

De forme ovale, toute en monts volcaniques, en défilés, en cirques grandioses, la Guadeloupe a 82 000 hectares. Son pic supérieur fume encore ; c’est le Piton de la Soufrière (1 484 mètres : 4 de plus que la Montagne Sans Toucher). Haute et boisée, elle est fraîche ou froide dans la montagne ; mais sur la côte, qui reçoit 219 centimètres de pluie par an, pèse un climat d’une moyenne de 26 degrés. Cet air torride, la fièvre jaune, l’anémie tropicale, les typhons, les tremblements de terre, ce sont là de grands ennemis de la Guadeloupe ; mais cette île souvent éprouvée par la nature et par l’homme (les Anglais lui ont fait beaucoup de mal) n’en est pas moins superbe. Ayant des cimes élevées, des forêts profondes, elle ruisselle de torrents : le plus abondant c’est la Grande Rivière à Goyaves, le plus calme c’est la Lézarde.

Laide mais féconde, la Grande-Terre (56 000 hectares) n’a ni monts, ni bois, ni rivières. Les sécheresses y sont parfois très longues, les convulsions du sol terribles ; la seule catastrophe de 1843 y fit pour 110 millions de rui-