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COLONIES FRANÇAISES.

ruisseau n’effraie pas, que la poudre seule fait reculer ; scorpions et mille-pattes ; l’araignée-crabe, monstre velu ; le crapaud pipa, monstre pustuleux ; l’anguille électrique, dont le choc terrasse ; le corail, court serpent mortel à ceux qu’il pique ; le boa, long de huit mètres, assez fort pour enrouler, écraser, ensaliver, engloutir et digérer les grosses bêtes qui courent dans la savane : le caïman, le jaguar, le tapir avec son rudiment de trompe ; des singes sans nombre ; des oiseaux de tout plumage et de toute envergure, dont l’un, l’urubu, noir vautour, est ici, comme ailleurs en Amérique torride, le grand entrepreneur de salubrité publique, par la prompte expédition des charognes.

Passons à l’homme : Indiens Galibis, Approuagues, Arouacas, Émerillons, Roucouyènes ; Noirs et Mulâtres ; Coulies d’Afrique, d’inde, de Cochinchine, et de Chine ; Blancs ; nomades et sédentaires ; propriétaires, cultivateurs, hattiers ou éleveurs de bestiaux, chercheurs d’or, marins, soldats, fonctionnaires, galériens à la chaîne ou hors pénitencier, il n’y a pas même 30 000 habitants en Guyane, après bientôt 250 années de possession. Toutefois la population y croît maintenant un peu : non du fait des naissances, qui ne réparent pas les décès, mais par les immigrants venus de divers lieux : notamment des Antilles, et surtout de la Martinique, pour chercher l’or dans les criques guyanaises.

Excepté les Galibis, les Indiens sont dispersés dans l’intérieur. Les Noirs qui veulent travailler comme ceux qui s’égaient de ne rien faire, les 5 000 immigrants engagés et les Blancs vivent sur le littoral, tout à fait dans le bas des fleuves, sur la Mana, le Sinnamary, le Kourou, la rivière de Cayenne, la Comté, l’Approuague aux criques aurifères, l’Oyapock qui donne aussi le métal fauve. Jusqu’à ce jour, le fond de la nation guyanaise c’est le Nègre sédentaire, jadis esclave, aujourd’hui libre, ayant pour langue le français créole. Les Nègres errants ou