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FRANCE.

même pas 400 kilomètres en ligne droite entre le Belvédère et la Manche, l’Atlantique ou la Méditerranée, qui sont les trois mers de notre rivage.

Le Belvédère porte une tour bâtie à la gloire de l’armée qui prit Sébastopol. C’est un coteau du département du Cher, à 4 kilomètres au nord-est de Saint-Amand-Mont-Rond ; il monte à 314 mètres, au-dessus du vallon de la Marmande, affluent de droite du Cher. Avant la venue de la Savoie, avant le départ de l’Alsace-Lorraine, on le regardait comme le centre de la France ; il peut encore passer pour tel. De sa cime on devine dans le ciel, plus qu’on ne les voit clairement, des lignes bleuâtres qui pourraient être des nuages et qui sont des montagnes : au nord-est le Morvan, au nord les collines de Sancerre, au sud les Dôme, les Dore et les sommets de la Marche. Il semble qu’on règne sur un horizon sans limite ; cependant l’on ne contemple confusément qu’un tout petit morceau de la France, et la France n’est guère que la deux cent cinquante-cinquième partie du Globe, les mers non comprises.


3o Ce que nous avons perdu en 1871. « So weit die deutsche Zunge klingt. » — Avant les désastres de 1870 et 1871, la France était non pas le deux-cent-cinquante-cinquième, mais le deux-cent-cinquantième de la Terre sans les Mers. Nous avions alors, la Corse comprise, plus de 54 millions d’hectares : avec 38 192 000 habitants, d’après le recensement de 1866 déjà dépassé de quelques centaines de milliers d’âmes. Aujourd’hui, notre sol n’est plus que de 52 857 200 hectares, avec moins de 37 millions d’hommes. Le traité qui a consacré notre déroute nous a ravi le trente-septième de notre territoire et le vingt-quatrième de nos hommes. Nous avons perdu :

Un département tout entier, le Bas-Rhin, vaste de 455 000 hectares ;

Le Haut-Rhin, sauf le petit pays qu’on appelle provi-