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FRANCE.

le géant des Alpes, tant il a de souveraine grandeur, vu de la plaine du Piémont.

Sur cette chaîne passe la route internationale du Mont Cenis, l’un des : quatre grands cols allant de la vallée suisse ou française du Rhône à la plaine piémontaise : le col du Mont-Cenis est à 2 098 mètres d’altitude, entre Lanslebourg et Suse, entre l’Arc et la Doire Ripaire ; le col du Simplon s’ouvre à 2 020 mètres, entre Brigue et Domo d’Ossola, entre le Haut-Valais qui parle allemand, et le val de la Toce où l’on parle italien et qui descend au lac Majeur ; le col du Saint-Bernard (2 473 mètres), fameux par son hospice et ses chiens sauveurs, conduit du Bas-Valais, de Martigny, au val d’Aoste ; le col du Mont-Genèvre, le plus facile des quatre, à 1860 mètres seulement, est entre Briançon et Cézanne, entre la Durance et la Doire Ripaire. L’importance de ces passages diminuera ; le vingtième siècle verra des routes dompter tous les cols, et, comme le fait déjà le tunnel des Alpes, des souterrains percer tout mont qui barre un grand chemin des peuples.

Le tunnel des Alpes, foré d’outre en outre dans les entrailles d’un mont de la Maurienne, est jusqu’à ce jour le plus hardi de l’univers, mais le souterrain du Saint-Gothard en effacera bientôt la gloire. Il a 12 220 mètres de longueur, 1 190 mètres d’altitude à l’entrée française, 1 324 à l’entrée italienne, et mène les convois du fond de Modane en France au fond de Bardonnèche en Piémont. On l’appelle tunnel du Mont-Cenis, mais il en est à plus de 20 kilomètres, et deux fois plus près du Thabor (3 182 mètres).

La chaîne de la Maurienne, qui s’appuie à l’est aux frimas, de l’Iseran, s’épaule à l’ouest aux glaciers des Grandes-Rousses, couchés au pied du pic de l’Étendard (3 473 mètres) et de la Scie, qui, à 2 kilomètres au sud de l’Étendard, a justement la même hauteur. Les eaux de ces vastes mers de glace vont pour une petite part à l’Are, pour une grande : part à la Romanche, large torrent dont le Drac conduit le tribut à l’Isère.