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GÉOGRAPHIE.

pied des fières assises du Bec de l’Échaillon. Sa tête est Chamechaude, qui se lève à 2 087 mètres, sur la ligne idéale qui joindrait Grenoble à Chambéry. Tout calcairé qu’il est, il n’a pas été ruiné comme tant d’autres, ayant gardé ses profondes forêts et, avec les forêts, les torrents qui coulent toujours pour la fraîcheur des prairies et la magnificence des cascades. Ainsi qu’on doit l’attendre de la texture de ses roches, la Grande-Chartreuse n’est que bastions, fentes, anfractuosités, brèches, blocs écroulés, escarpements d’où l’on admire le val du Grésivaudan et les granits de Belledonne ; mais presque partout les bois et les gazons voilent discrètement la nudité de la carcasse calcaire.


Les Monts du Lans ont pour dernier éperon septentrional le Bec de l’Échaillon, levé en cap à 200 mètres au-dessus de la plaine où l’Isère, qui depuis Grenoble coule vers le nord, passe au sud-ouest par un brusque détour. De même nature que vis-à-vis d’eux la Grande-Chartreuse, ils en firent certainement partie avant d’en être distraits par l’entaille du val de l’Isère. Leur montagne culminante est la Moucherolle (2 289 mètres) ; leur gorge la plus vantée, celle du Furon de Sassenage. C’est d’eux que descend la Bourne, bel affluent de l’Isère.


Les Monts du Vercors ont pour tête le Grand Veymont (2 346 mètres), qui n’a pas le superbe aspect du Mont Aiguille, immense roche qui, semblable au Balaïtous dans les Pyrénées, est une espèce de Cervin français, si toutefois on peut comparer une paroi sans neiges de 2 097 mètres à un obélisque de 4 482 mètres étreint par des frimas éternels. On le nomme aussi Mont Inaccessible, et, en effet il semble qu’on n’y puisse arriver sans ailes ; néanmoins on l’a gravi. Le site le plus visité du Vercors est la gorge des Grands-Goulets, remplie des rumeurs de la Vernaison, torrent