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LES NUAGES.

bure de la terre ; elle s’illumine comme d’une étincelle ; on dirait un de ces diamants prodigieux qui, d’après les légendes indoues, fulguraient au sommet des montagnes divines. Mais soudain la flamme a disparu, elle s’est évanouie dans l’espace. Qu’on ne cesse de regarder pourtant : au reflet du soleil succède celui des vapeurs empourprées de l’horizon. La montagne s’illumine encore une fois, mais d’un éclat plus doux. La roche dure ne semble plus exister sous son vêtement de rayons ; il ne reste qu’un mirage, une lumière aérienne ; on croirait que le mont superbe s’est détaché de la terre et flotte dans le ciel pur.

Ainsi, la rareté de l’air des hautes régions contribue à la beauté des cimes, en empêchant les souillures de la basse atmosphère de gagner les sommets ; mais elle force aussi les vapeurs invisibles qui s’élèvent de la mer et des plaines à se condenser et à s’attacher en nuages aux flancs de la montagne. D’ordinaire, l’eau vaporisée suspendue dans les couches inférieures de l’air ne s’y trouve pas en quantité assez considérable pour qu’elle se