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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

-elle pas rebondir tout à coup et s’enfoncer dans le corps de celui qui la manie ? »

Il est, même de nos jours, des arbres adorés ; le montagnard ne sait trop pourquoi et n’aime pas qu’on l’interroge à cet égard ; mais, encore en maints endroits, on voit des chênes respectés que les indigènes ont entourés de barrières pour les protéger contre les animaux et les voyageurs errants. Dans la vieille Bretagne, lorsqu’un homme était en danger de mort et qu’un prêtre ne se trouvait pas dans le voisinage, on pouvait se confesser au pied d’un arbre ; les rameaux entendaient, et leur bruissement portait au ciel la dernière prière du mourant.

Toutefois, si quelque vieux tronc est respecté çà et là par souvenir des anciens temps, la forêt elle-même n’inspire plus de sainte terreur ; à présent, les abatteurs d’arbres n’y mettent pas tant de façons que leurs ancêtres, surtout lorsqu’ils ne s’attaquent pas à des forêts servant de barrière contre les avalanches. Il suffit seulement qu’ils puissent les exploiter d’une manière utile, c’est-à-dire en gagnant plus par la vente du bois qu’ils n’ont