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LES FORÊTS ET LES PÂTURAGES.

lumières et de ces ombres fuyantes. Les arbres eux-mêmes, ou bien se dressant isolés, ou bien groupés par deux ou par trois, diffèrent de forme et d’aspect. Presque tous, par les sillons de leur écorce et le jet de leurs branches, semblent avoir subi comme un mouvement de torsion de gauche à droite ; mais, tandis que les uns ont le tronc assez uni et bifurquent régulièrement leurs rameaux, d’autres ont d’étranges gibbosités, des nœuds, des verrues bizarrement ornées de feuilles en touffes. Il est de vieux arbres à l’énorme tronc, qui ont perdu toutes leurs grandes branches sous l’effort de l’orage et qui les ont remplacées par de petites tiges pointues comme des lances ; d’autres ont gardé tout leur branchage, mais ils se sont pourris à l’intérieur ; le temps a rongé leur tronc, en y creusant de profondes cavernes ; il ne reste parfois qu’un simple pan de bois recouvert d’écorce, pour porter tout le poids de la végétation supérieure. Çà et là, on remarque aussi sur le sol les restes d’une souche de puissantes dimensions ; l’arbre lui-même a disparu ; mais, sur tout le pourtour de cette ruine végétale, croissent des châtai-