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HISTOIRE D’UNE MONTAGNE.

au petit nombre de nos animaux domestiques ; mais il est encore plus facile de le tuer que de l’élever, et les quelques chamois qui restent encore sont réservés pour la joie des chasseurs. Il est probable que la race en disparaîtra bientôt. Après tout, ne vaut-il pas mieux mourir libre que de vivre esclave ?

Encore plus haut que le chamois, sur des pentes et des roches entourées de tous les côtés par des neiges, d’autres animaux ont choisi leur demeure. Un d’eux est une espèce de lièvre qui a su finement changer de livrée suivant les saisons, de manière à se confondre en tout temps avec le sol environnant. C’est ainsi qu’il échappe à l’œil perçant de l’aigle. En hiver, lorsque toutes les pentes sont revêtues de neige, sa fourrure est aussi blanche que les flocons ; au printemps, des touffes de plantes, de cailloux, se montrent çà et là à travers la couche neigeuse ; en même temps, le pelage de l’animal se mouchette de taches grisâtres ; en été, il est de la couleur des pierres et du gazon brûlé ; puis, avec le brusque changement de saison, le voilà qui, de nouveau, change brusquement de poil.