Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
217
LE LIBRE MONTAGNARD.

gnards dans leur vallée, mais il se promet au moins de surprendre et d’asservir ceux qui se hasarderont dans la plaine.

Le château du noble détrousseur de passants est en ruine aujourd’hui. Un sentier pierreux, obstrué de ronces, a remplacé le chemin où les guerriers faisaient caracoler leurs chevaux joyeux au moment du départ, où remontaient les marchands enchaînés et les mulets pesamment chargés de butin. À l’endroit où fut le pont-levis, le fossé a été comblé de pierres, et, depuis, le vent et les pieds des passants y ont porté un peu de terre végétale dans laquelle des sureaux ont fait entrer leurs racines. Les murs sont en grande partie écroulés ; d’énormes fragments, pareils à des rochers, gisent épars sur le sol ; ailleurs, des éboulis de pierres tombées dans le fossé en emplissent à demi les douves que recouvre un tapis épais de lentilles d’eau. La grande cour, où jadis se rassemblaient les hommes d’armes avant les expéditions de pillage, est encombrée de débris, coupée de fondrières ; on ose à peine se frayer un chemin à travers les fourrés d’arbrisseaux et les hautes herbes ; or