étaient-ils animés par l’amour de la vengeance contre ce donjon où nombre des leurs étaient morts de faim ou dans les tortures ; peut-être aussi se figuraient-ils qu’ils y découvriraient un trésor caché.
Je pénètre par cette brèche avec une sorte d’appréhension ; l’air de l’intérieur, auquel ne vient jamais se mêler un rayon de soleil, me glace avant que je sois entré. Pourtant la lumière descend jusqu’au fond de la tour ; le toit s’est effondré ; les planchers ont été brûlés dans quelque antique incendie, et l’on aperçoit çà et là, à demi engagés dans la muraille, des restes de poutres noircies. Tous ces débris, pierres, bois et cendres, se sont peu à peu mêlés en une sorte de pâte que l’eau du ciel, descendant comme au fond d’un puits, conserve toujours humide. Un limon gluant recouvre cette terre molle où glisse le pied que j’y hasarde avec répugnance. Il me semble être enfermé déjà dans l’horrible cachot ; je n’en respire qu’avec dégoût l’air rance et méphitique. Et pourtant cet air est pur, en comparaison de cette odeur de moisissure et d’ossements qui sort de la gueule ébréchée des ou-