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L’ADORATION DES MONTAGNES.

tala. Sur ce roc s’arrêta, il y a vingt-deux siècles, le vol de Mahindo, le convertisseur indou, qui s’était élancé des plaines du Gange pour appeler les Cingalais à la religion de Bouddha. Un temple s’élève aujourd’hui sur le sommet où se posa le pied du saint. Haute, énorme est la pagode, et pourtant l’empressement des pèlerins est tel qu’ils l’ont parfois recouverte en entier, du faîte à la base, d’une robe de fleurs de jasmin. Une escarboucle, couleur de feu, brillait au sommet du monument, renvoyant au loin les rayons du soleil. Jadis un rajah fit déployer, du haut de la montagne aux champs de la plaine, un large tapis de douze kilomètres de longueur, afin que les pieds des fidèles ne fussent pas souillés par le contact avec la terre impure apportée d’un sol profane.

Et pourtant ce mont sacré de Mihintala le cède en gloire au célèbre pic d’Adam, que les marins aperçoivent du milieu des flots, lorsqu’ils approchent de l’île de Ceylan. L’empreinte d’un pied gigantesque, appartenant, semble-t-il, à un homme haut de dix