Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
L’ORIGINE DE LA MONTAGNE.

loqués, fendillés, chiffonnés en plissements bizarres, sont épars maintenant dans les dépressions et, sur les saillies de la roche soulevante ; ailleurs, le granit ne se serait ouvert dans le sol qu’une seule crevasse de sortie en reployant de côté et d’autre les assises extérieures, suivant les angles d’inclinaison les plus divers ; ailleurs encore, le granit, sans même se faire jour, n’en aurait pas moins bossué les couches supérieures. Celles-ci, sous la pression qui les a fait se ployer, auraient cessé d’être plaines pour devenir collines et montagnes. Ainsi, même les hauteurs formées de strates paisiblement déposées au fond des eaux auraient pu se dresser en cimes, de la même manière que les protubérances de laves ; un puits creusé à travers les couches superposées atteindrait le noyau de porphyre ou de granit.

En admettant que la plupart des montagnes ont fait leur apparition à la manière des laves, la cause qui a fait jaillir du sol toutes ces matières en fusion reste encore à reconnaître par la pensée. D’ordinaire on suppose qu’elles en ont été exprimées, pour ainsi dire, par la contraction de l’enveloppe extérieure