le vertige. Néanmoins, tout cela n’est plus qu’une ruine, un simple débris.
Autrefois, les couches, d’ardoises, de calcaires, de grès, qui s’appuient à la base de la montagne et se redressent çà et là en sommets secondaires, se rejoignaient, par-dessus la cime granitique, en couches uniformes ; elles ajoutaient leur énorme épaisseur à l’élévation déjà si grande du pic suprême. La hauteur de la montagne était doublée, la pointe atteignait alors cette région où l’atmosphère est si rare que l’aile même de l’aigle n’a plus la force de s’y soutenir. Ce n’est plus le regard, c’est l’imagination qui s’effraye à la pensée de ce que la montagne était alors, et de ce que les neiges, les glaces, les pluies et les tempêtes lui ont enlevé pendant la série des âges. Quelle histoire infinie, quelles vicissitudes sans nombre dans la succession des plantes, des animaux et des hommes, depuis que les monts ont ainsi changé de forme et perdu la moitié de leur hauteur !
Ce prodigieux travail de déblai n’a, d’ailleurs, pu s’accomplir sans qu’il en reste, en maints endroits, des traces irrécusables. Les