attitude, on croirait voir l’œuvre d’un jour, tant l’ensemble a d’unité, tant les détails concourent à l’harmonie générale. Et pourtant cette montagne a été sculptée pendant une myriade de siècles. Ici, quelque vieux granit raconte les vieux âges où la fibre végétale n’avait pas encore recouvert la scorie terrestre. Le gneiss, qui lui-même se forma peut-être à l’époque où plantes et animaux étaient encore à naître, nous dit que, lorsque l’Océan le déposa sur ses rives, des montagnes avaient été déjà démolies par les flots. La plaque d’ardoise qui garde l’os d’un animal, ou seulement une légère empreinte, nous raconte l’histoire des générations innombrables qui se sont succédé à la surface de la terre dans l’incessante bataille de la vie ; les traces de houille nous parlent de ces forêts immenses dont chacune en mourant n’a fait qu’une légère couche de charbon ; la falaise calcaire, amas d’animalcules que nous révèle le microscope, nous fait assister au travail des multitudes d’organismes qui pullulaient au fond des mers ; les débris de toute espèce nous montrent les eaux de pluie, les neiges, les glaciers, les torrents,
Page:Reclus - Histoire d'une montagne, 1880.djvu/82
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
LA DESTRUCTION DES CIMES.