Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/109

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d’aiguilles de couleur de rouille, tandis que non loin de là, un joyeux mélèze, à la claire verdure, ne jaillit que par la cime, fièrement drapée de clématite, hors d’un fourré d’arbustes et de broussailles. À cause de l’extrême variété des conditions du sol, l’étroit rideau est bien plus riche en espèces diverses d’arbres que des forêts entières recouvrant de vastes territoires. D’ailleurs, en maint endroit, les troncs sont tellement rapprochés que d’une berge à l’autre, on ne voit pas se glisser un seul rayon de lumière ; du fond des gouffres, les arbres s’élancent comme les colonnes pressées d’un édifice, puis au niveau des berges, les branches s’étalent largement, enveloppent de leur verdure les troncs qui croissent sur la berge et vont avidement chercher leur nourriture d’air libre au-dessus des champs labourés

Sous ces voûtes d’ombre, dans les profondeurs du ravin, la température est toujours fraîche, même au plus fort de l’été ; les rameaux entrecroisés empêchent l’atmo-