Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/114

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épanche cesse de murmurer, les parois de leur bassin se dessèchent, les herbes qu’elles humectent se penchent et languissent. Puis, après des minutes ou des heures, on entend un murmure souterrain, et voici l’eau qui s’élance de nouveau de sa prison de pierre, pour rendre la vie aux racines et aux fleurs ; de son murmure argentin, elle annonce joyeusement sa résurrection aux insectes tapis sous le gazon, à tout un monde d’infiniment petits attendant son réveil pour se réveiller eux-mêmes. Les physiciens nous expliquent la cause de ces intermittences ; ils nous disent comment l’eau s’écoule et s’arrête alternativement dans les cavités souterraines disposées en forme de siphon. Tout cela est joli, mais à ces jeux de la nature, à ces fontaines qui se montrent et se cachent tour à tour, nous préférons la source qui ne nous trompe point, dont nous entendons toujours le gai babil, et dans laquelle, à toute heure, nous pouvons voir se refléter la lumière tremblotante. Plus charmante aussi m’appa-