Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/118

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ceaux les paillettes d’or et les paillettes d’argent. Heureusement ils savent, pauvres enfants, que la masse reluisante n’est or ou argent qu’en apparence ; autrement, ils commenceraient peut-être au bord de la fontaine cette dure bataille de la vie que plus tard, devenus hommes faits, ils auront à se livrer les uns aux autres pour s’arracher, sous forme de monnaie, le pain de chaque jour.

Dans un petit vallon, au pied de rochers calcaires, s’épanche une autre fontaine, qui loin de rouler des paillettes brillantes dans ses eaux, recouvre au contraire d’une sorte d’enduit grisâtre les pierres de son lit, les feuilles, les branchilles tombées des arbustes voisins. Cet endroit se compose d’innombrables molécules calcaires dissoutes par l’eau dans l’intérieur de la colline. Arrêté dans son cours par un obstacle quelconque, le ruisseau rend maintenant les particules de pierre dont il était saturé. À côté du bassin croît une fougère qui balance ses feuilles vertes dans