Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/154

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t-elle jusqu’à ce que la cupule se détache du gland et que celui-ci, entièrement imprégné d’eau, tombe au fond du lit pour s’y désagréger peu à peu et s’y transformer en vase. On trouve quelquefois sur le bord du ruisseau d’étranges boules hérissées de piquants comme des châtaignes encore sur l’arbre : ce sont des amas d’épines qui se sont agglomérées en tournoyant dans un remous.

Lors des grandes crues du ruisseau, alors que ses eaux entraînent au loin non-seulement des glands de chêne, des branchilles et des épines, mais aussi des arbres entiers, c’est dans le tourbillon du bassin que finit, du moins pour un temps, l’odyssée des troncs voyageurs. Un matin, quelques amis et moi nous étions allés visiter la cascade pour en voir briller aux premiers rayons du soleil l’écume nuancée de rose. Un grand sapin, ébranché par ses chocs contre les pierres, tournoyait lourdement dans le gouffre. Jeunes et fort ignorants encore des choses de la nature, nous regardions avec étonnement les soubre-