Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

produits par la chute d’un nouveau grain de sable ou par un tourbillonnement de l’onde s’entremêlent aux premiers : une multitude de lignes, se propageant dans tous les sens, s’élèvent et s’abaissent comme les mailles d’un réseau dont le regard exercé peut seul distinguer la trame. Comparées à la largeur du ruisseau, ces faibles ondulations sont des milliers de fois plus hautes que les plus fortes vagues roulant à la surface de la mer. Réfléchis par la nappe mouvante, les arbres du bord, les branchages entre-croisés, les nuages du ciel se balancent, se tordent, se déplacent en ondulations rhythmiques : l’immensité de l’espace semble danser sur le flot scintillant.

Si la masse liquide du ruisseau n’était pas entraînée vers la mer et restait immobile comme celle d’un lac ou d’un étang, chaque vaguelette concentrique s’y développerait en un rond d’une régularité parfaite ; mais le courant est rapide, les molécules d’eau se déplacent sans cesse, et par conséquent le cercle régulier, comme la ligne droite, de-