Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/16

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appris, le vieux chant que les Guèbres enseignaient à leur fils :

Approche-toi de la fleur, mais ne la brise point !
Regarde et dis tout bas : Ah ! si j’étais aussi beau !

Dans la fontaine de cristal ne lance point de pierre !
Regarde et pense tout bas : Ah ! si j’étais aussi pur !

Qu’elles sont charmantes, ces têtes de naïades, à la chevelure couronnée de feuilles et de fleurs, que les artistes hellènes ont burinées sur leurs médailles, ces statues de nymphes qu’ils ont élevées sous les colonnades de leurs temples ! Combien sont aimables ces images légères et vaporeuses que Goujon a su néanmoins fixer pour les siècles dans le marbre de ses fontaines ! Qu’elle aussi est gracieuse à voir, cette source que le vieil Ingres a saisie et qu’il a presque sculptée de son pinceau ! Rien, semble-t-il, n’est plus fugitif, plus indécis que l’eau jaillissante entrevue sous les joncs ; on se demande comment une main humaine peut s’enhardir à figurer la source avec des traits pré-