Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/180

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luvions transportés par le flot ; ils cachent le fond de leurs tourbillons épais et jaunâtres, mais peu à peu ils deviennent plus légers ; ce ne sont bientôt plus que des brumes indistinctes, puis ils s’évanouissent et l’eau reprend toute sa limpidité.

Dans les bassins où l’eau tournoie avec lenteur, l’épuration s’accomplit à la fois sur le fond et à la surface. Les débris de limon, les feuilles, les racines, les branches, imprégnées d’eau et tout alourdies, tombent et se déposent en banc de vase. À la superficie, les graines des arbres, le pollen des plantes, les substances organiques en décomposition s’amassent en une couche grisâtre, que grossissent incessamment les flocons d’écume arrivant en îles, îlots, en archipels épars. Autour de cette couche, assez épaisse pour cacher l’eau profonde, s’étend une pellicule transparente d’une excessive minceur, formée par des matières huileuses d’origine animale ou végétale. Sous le reflet de la lumière, cette pellicule brille de toutes