Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/182

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Tous ces débris, aussi légers qu’ils soient, contribuent à exhausser le fond, et tôt ou tard, après des années ou des siècles, ils émergent de nouveau, et régénérant le terrain, se couvrent de végétation. Ce travail se fait lentement, mais il n’en fait pas moins, et chaque année, chaque jour, la forme du lit se trouve changée par ces dépôts continus. Partout où un obstacle retarde la force du courant, le flot ralenti cesse de pousser en avant les grains de sable du fond, et laisse tomber les molécules d’argile qu’il tenait suspendues. Qu’une pierre éboulée, qu’un arbres échoué, qu’un paquet de roseaux trouble la régularité du lit, aussitôt la partie tranquille du ruisseau située en aval déposera un petit banc de sable au-devant de cette digue, qui plus tard peut-être se transformera en îlot. Sur toutes les pointes basses où l’eau glisse et se traîne avec effort, les dépôts s’accumulent, les joncs prennent naissance et les rives exhaussées des petites péninsules gagnent incessamment sur la nappe du ruisseau.