Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/193

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gnes nous apercevions sur la colline le toit rouge de la maison paternelle ; mais enchantés au fond de la savoir si près, nous faisons semblant de ne point nous en douter : nous l’avions laissée de l’autre côté du globe.

Fréquemment, le tronc d’arbre détaché de la rive reste penché au-dessus du courant et son branchage ployé n’effleure pas encore les hautes herbes de la rive opposée. Cet arbre à demi tombé est aussi une sorte d’île où l’on peut s’aventurer sans crainte. Par suite de l’affaissement des terres, la base du tronc se trouve plongée dans l’eau et ceinte de roseaux flottants. D’un bond, il est facile de sauter sur cette île tremblante, puis, en étendant ses bras pour maintenir son équilibre, on monte avec précaution et à petits pas sur l’arbre, qui s’incline et se relève comme un être vivant. Précisément au-dessus de l’endroit où le ruisseau est le plus profond et où l’eau fuit sous le regard avec le plus de rapidité, les grandes branches se séparent du tronc et se subdivisent elles-mêmes en ra-