Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/205

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qu’il vient, en effet ; la neige se fond sous l’air attiédi et se filtre dans le sol, ou bien, mêlée à la boue, s’écoule dans le ruisseau par toutes les fosses et les rigoles ; la végétation, arrêtée pendant les froidures, reprend son élan. Tout semble renaître. Un souffle venu du midi a renouvelé la vie de l’arbre, celle du ruisseau et la nôtre elle-même. Le pâle hiver s’est enfui vers le nord, poursuivi dans l’espace par les rayons joyeux, et de l’homme à l’insecte, du brin d’herbe à la goutte d’eau, nous nous réjouissons tous de cette chaleur et de cette lumière que nous verse le soleil du printemps. Les bourgeons, si bien calfeutrés pendant l’hiver, si mollement entourés de laine, si solidement enveloppés d’écailles gommées, entr’ouvrent avec bonheur leur prison et dardent dans l’air libre leur folioles vertes ; les oiseaux s’élancent en chantant du nid que la feuillée commence à voiler déjà ; des moucherons, des libellules, sortis de leurs larves, tourbillonnent gaiement au soleil, et le long de l’eau,