Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/21

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feuilles jaunies de l’automne ; ils boivent l’air pur des champs, ils se font un sang nouveau et les ennuis de l’école seront impuissants à faire disparaître de leur cerveau les souvenirs de la libre nature. Que le collégien sorti de la prison, sceptique et blasé, apprenne à suivre le bord des ruisseaux, qu’il contemple les remous, qu’il écarte les feuilles ou soulève les pierres pour voir jaillir l’eau des petites sources, et bientôt il sera redevenu simple de cœur, jovial et candide.

Ce qui est vrai pour les enfants et les jeunes gens ne l’est pas moins pour toutes les nations, encore dans leur période d’adolescence. Par milliers et par millions, les « pasteurs des peuples », perfides ou pleins de bonnes intentions, se sont armés du fouet et du sceptre, ou, plus habiles, ont répété de siècle en siècle des formules d’obéissance afin d’assouplir les volontés et d’abêtir les esprits ; mais heureusement, tous ces maîtres qui voulaient asservir les autres hommes par la terreur, l’ignorance ou l’impitoyable routine n’ont point réussi à