Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/242

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Parmi les pisciculteurs, il en est qui réussissent à sauver ainsi de tout malheur le frai qu’ils veulent changer en gros poissons. À la vue de leur succès, quel triste retour n’a-t-on pas à faire sur les choses humaines, en songeant que tant de milliers et de millions d’enfants, bien constitués pour devenir des hommes, périssent encore au berceau, tués par l’ignorance et la misère ? Certes, les enfants nouveau-nés devraient nous tenir plus à cœur que les saumoneaux, les carpillons et tout le fretin possible, et cependant les épidémies les emportent en foule. Nos hospices d’enfants, bien autrement précieux que tous les établissements de pisciculture, ne sont guère, le plus souvent, que des vestibules du cimetière. Les œufs des truites et des tanches auraient-ils plus de valeur à nos yeux que les malheureux enfants confiés à la société par leurs parents sans ressources, et devons-nous les défendre avec plus de soin contre les chances de mort ?

Si jamais on arrive à domestiquer complè-