Page:Reclus - Histoire d’un ruisseau.djvu/259

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ruisselante, divisée en artères et en artérioles sans nombre, n’en travaille que mieux. Réduite en filets assez minces pour être bue au passager par les radicelles des plantes, elle entre d’autant plus facilement dans le torrent de la circulation végétale pour se changer en sève, puis en bois, en feuilles, en fleurs, et se répandre de nouveau dans l’atmosphère en se mêlant aux senteurs des corolles. Dans la plaine, transformée en un jardin immense, on ne voit d’eau nulle part, et pourtant c’est elle qui donne au gazon la fougue de croissance et la fraîcheur ; elle qui revêt les parterres de fleurs et les arbustes de feuillage ; elle multiplie les branches et prête ainsi aux avenues ombreuses cette profondeur de mystère qui nous charme. Sous une autre forme, c’est elle qui nous entoure et qui nous ravit. Çà et là, nous entendons à nos pieds un murmure argentin, comme un bruit de perles roulant sur le pavé : c’est le gazouillement de l’eau qui s’écoule dans un canal souterrain, et dont les reflets fugitifs nous